Vendredi 16 mai 5 16 /05 /Mai 21:00
 
En attendant les résultats du festival de l'intimité cachée, j'vous propose des trucs un peu zarbis. Avant-hier, poussé par une blogueuse, j'ai essayé de faire du littéraire, et aujourd'hui, avec Petit Beur, on a retrouvé un vieux dialogue qu'on avait eu et k'on n'a jamais publié. La suite de celui-là

Donc pour les nostalgiks de la saison 1, voici un p'tit billet anachronik :
 
 

 
 

 

Petit beur : Au fait Wajdi, comment tu avais commencé à vivre ta sexualité. A vivre des expériences (avec des filles par ex) et surtout comment as-tu ressentis l'attirance pour les mecs?


Wajdi : Ma sexualité, c'est clair ke c'etait d'abord la branle. J'adorais, c'était ouf. Comme on etait plusieurs dans la piaule, c'est une intimité k'on était forcé de partager, sauf à se cacher, ckon ne faisait pas. Moi, fallait ke j'crache mon sperme au quatre coins du lit. Souvent je crachais dans ma main et j'léchais. Les autres fois, c'etait dans les draps et j'm'endormais à coté. Dans la nuit, j'm'en collais partout ; ça me gênait pas. Cki me caractérisait le plus, c'est ke j'avais aucun dégout pour ma sève de vie. Et dans la chambre, j'étais clairement dénoncé comme le plus halouf. J'en étais ni fier ni honteux, et j'aurais pas changer ma relation à ma bite pour rien au monde. J'étais amoureux de mon odeur et j'aurais reconnu celle de chacun de mes reufs entre mille. Franchement c'etait la belle vie à c't'epok. Vers 15 ans, 16 ans. J'en garde des souvenirs impérissables. J'etais déjà très à l'aise avec mon corps en fait, et comme à cet age là, c'est pas courant, ça me donnait un avantage ki compensait mes complexes sur d'otres plans.

Kan j'me branlais, j'pensais au moins autant aux keums k'aux filles. Mais jamais j'ai eu peur d'etre homo. Ca m'a toujours semblé évident ke j'aimais les deux. Pour des raisons différentes. Les mecs : une amitié ki déborde vers un partage intime ki te relie dans le secret. Un lien fort, comme si t'avais commis un crime à deux, mouillés à la même hauteur. Les femmes : la douceur, la tendresse, l'émerveillement, la fraîcheur... l'amour, la différence. Et plus encore.

Mais dans les fait, kelkechose blokait avec les meufs. Alors ke mon reuf les enchainait, moi j'ramais, et j'suis resté puceau jusqu'à 19 ans. J'avais la rage de pas y arriver. D'autant ke je l'voulais vraiment. Mais j'comprennais rien à comment ca marchait. J'étais vraiment dépassé. J'm'aimais trop j'pense ; yavait plus de place pour elle.

Donc j'me rabattais sur les meks. Ca me semblait tellement plus simple. Pourtant j'évitais sagement les lieux pour ca ; j'draguais au lycée, dans la ville, pas trop au club. C'etais d'autant plus intéressant ke c'etait riské et pas gagné d'avance. Mais cki me plaisait c'était la difficulté. Donc yen a pas eu beaucoup, mais ils ont tous compté. Comme Sam par exemple. J'l'avais habitué à me sucer on va dire. Il aimait pas particulièrement, mais j'suis sûr k'il y trouvait son compte. J'aimerais bien le revoir pour en discuter. Savoir ck'il y trouvait. A l'épok, j'm'en battais. Il me suçait, j'me frottais sur lui, c'est cke j'voulais. J'etais un grand espoir de la boxe, le prince de mes parents ; j'trouvais normal d'avoir mon écuyer. Kelle mentalité kan j'y repense ! Mais j'avais pas moyen à c't'epok de penser autrement.

 


Petit beur : La première fois, je pense que je devais avoir 12 ans et je ne sais pas ce qui a pu traverser mon esprit mais quelque chose me poussait à baisser mon pantalon et me toucher... Je ne comprenais vraiment pas mais le fait de se toucher me procurait une sensation de bien-être jusqu'à la jouissance. C'était extra, parce que tout mon corps, tout mon coeur, s'excitait pour entrer joyeusement dans une folle palpitation. J'en tremblais même ! Mais c'est un peu plus tard que j'ai commencé à comprendre, notamment que j'étais homo.


Je me souviens, il y avait en face de mon immeuble un autre garçon. Je devais avoir 14 ans et lui 17/18. Il devait être yougoslave, les cheveux bruns, la peau blanche, les yeux légèrement en amande. Tous les jours je regardais par la fenêtre avec le doux et secret espoir de le voir, l'apercevoir.

En été, parfois il faisait tellement chaud qu'il sortait la tête, et je pouvais le voir torse nu ...

Je n'arrivais bien sûr pas à mettre des mots sur ces émotions. Je ne pouvais pas l'aimer, c'était impossible. Je ne pouvais pas l'apprécier car je ne le connaissais pas. Je ne pouvais pas l'envier ou le jalouser c'était improbable. Non j'avais juste envie d'être près de lui, dans une espèce de relation schizophrène, ni trop proche, ni trop loin.
De son coté, bien entendu il ne me regardait pas, il n'a d'ailleurs jamais du remarquer qu'il était sujet de mon attention. Cela a duré jusqu'à ce qu'il déménage.
J'ai très triste ce jour, mais je ne pouvais pleurer ce qui n'existait pas, ce qui n'était pas vécu et donc valoriser dans ma mémoire. J'ai juste triste d'avoir perdu mon miroir, mon image de la "masculinité"..
.


 

Wajdi : Mon modèle à moi, c'était mon reuf, celui juste au dessus de moi. J'l'observais beaucoup, y compris de près. J'le vénérais, peut être comme toi ton voisin. J'sais pas pourkoi paske objectivement, j'avais pas grand chose à lui envier, mais j'l'idéalisais. Sa force par rapport à moi, c'etait de se foutre pas mal de ck'il faisait et de son image. Il s'en battait de se manger 10 rateaux de suite pask'il savait k'à la onzieme tentative, ça marcherait. Moi j'etais beaucoup plus fermé et plus susceptible. Pareil par rapport au racisme : il trouvait pas ke les gens étaient racistes, alors ke j'etais parano sur ce plan là. Globalement, j'détestais k'on s'foutte de ma gueule. Ca me limitait beaucoup par rapport à lui. J'prenais pas de risque sur le plan narcissique. J'en etais pas capable. J'pouvais pas etre médiocre ; fallait ke j'sois le prince ki brillait dans les yeux de mes renps. Ca motivait, mais ca cassait en meme temps.


Par contre, on délirait pas mal lui et moi. On etait super proches. Et toutes les fois où on s'mettait pas sur la gueule, on était collés l'un à l'autre. Niveau branle, on a partagé pas mal de trucs ossi. J'me souviens d'une fois où on s'etait mutuellement fait une trace en diagonale sur notre torse, avec le sperme de l'autre. Comme si on avait échangé nos substances. J'l'ai gardé la soirée. C'etait un samedi et on est sorti en boite. J'avais sa marque sur moi. Lui s'etait douché. J'étais sûr ke toutes les meufs allaient tomber. N'importenawak ! Comme tu vois, j'étais pas près à m'emballer une fille. J'croyais k'elles kiffaient ma teub autant ke moi. J'oubliais ke c'est moins simple ke ça.

 


Petit beur : Tes expériences ont donc été riches et précoces, en tout cas par rapport à moi. Il m'a fallu attendre longtemps pour que je commence un peu à comprendre les choses, par exemple que les filles ne m'attiraient pas plus que ça... C'est surtout au lycée, quant je voyais tous mes potes fantasmer sur des magazines de cul, tous se comporter limite comme des animaux devant une foufoune (en image bien sur lol) que je me suis dis que je n'étais pas comme les autres.

Ce que que je voulais c'était pas de la "meuf", dessert idéal après le "cheeseburger". Ce dont je rêvais c'était d'un garçon, un complice, un ami, un "grand frère", quelqu'un qui vive avec moi des choses inédites, secrètes. Un homme capable de sécher mes larmes, de me voir pleurer sans me juger, quelqu'un qui soit capable de me prendre dans ses bras, de me câliner... Quelqu'un que je puisse toucher sans dégoût, ni honte, ni peur, que je puisse aussi prendre dans mes bras, à qui je pouvais faire l'amour et tout simplement aimer.

Mais ça au lycée, c'était juste pas possible, dans ma cité, c'était totalement impossible, pour mes proches c'était impensable !

 

 
Wajdi : Ben moi j'trouve kan même k'on est des animaux. On ose ou pas le montrer, mais kan on se retrouve seul, de toutes facons, on a plaisir à etre avec nous-meme. Entre le lycée et le club, j'avais du temps a tuer. Dans les couloirs du metro, j'm'arrêtais, debout contre la balustrade. En frottant ma trik contre la barre, a travers mon survet, j'finissais par gicler. Putain c'etait tellement bon le moment où ca se propulse, ke j'm'en foutais si yen avait plein mon survet.


J'dois avoir une sorte d'inhibition en moins par rapport aux autres. Une lobotomie d'un bout de cerveau. Cki semble sale à d'otres, j'le trouve doux, puissant. Ca fait ke j'ai pas été géné par mon corps, et ça, j'crois ke c'est un mega atout. Ca fait ke tu te poses kelkepart et tu te sens légitime d'y etre, corporellement. L'espace t'appartient. Meme les profs, style tout gringalés, tout inhibés, j'les dominais sur ce plan là. Ca les mettait mal à l'aise de voir un ado ki s'accepte tel k'il est.

 


Petit beur : Ouais des animaux je sais pas vraiment même si j'ai envie de te dire que tu as raison parce que j'ai vu le plus des autres c'est souvent leur coté animal voire animalier... Mais en même temps l'optimiste perdu que j'ai encore envie d'être se refuse à croire qu'on n'est que ça, ou du moins principalement ça...


C'est vrai que ça fait du bien de se lâcher, d'être dans ce rapport instinctif au corps, à la chaire, au plaisir. D'être dans une folle immédiateté.

Je faisais parti moi de ces "gringalets" que tu cites, des gens complexés par leur corps, par leur apparence. Il m'a fallu beaucoup de temps pour arrêter de me déconsidérer, vraiment beaucoup. Et je n'y suis pas arrivé tout seul.

C'est justement lors de mes relations sexuelles avec mes exs que j'ai appris à m'estimer, surtout quant ils me disaient que j'avais un beau corps et qu'ils passaient du temps à me caresser. Je voyais très bien que ce n'était pas du pipo, que ce n'était pas un moyen de "m'avoir" mais qu'il y avait bien une bonne dose de sincérité.

C'est dans leurs regards que je me voyais sous une autre forme, plus désirable, plus sensuel, mes partenaires ont été ces yeux qui m'avaient toujours un peu manqués.

Et toi comment voyais-tu tes partenaires hommes?


Wajdi : J'crois ke kan on nait, on est forcément bien dans son corps. Mais après on le critique, on le juge, paske les otres arretent pas de nous chambrer. J'pense surtout à la p'tite ecole là. Pour moi c'est ca ki casse. Kan on me traitait, j'devenais en rage et j'bastonnais direct. Si bien k'on me sortait ke rarement des insultes. J'laissais pas faire. C'etait vital. J'etais susceptible et la critique me détruisait. Y compris la critique soi-disant constructive des profs. Moi ca me démontait.


Une fois ado, c'etait plus pareil. Paske j'faisais la loi. Et on critique pas l'acné du chef. Ceux ki m'ont fait mal à c't'epok s'en souviennent encore. Restait à mater les profs. Intouchables. Et ca c'etait plus dur pask'il faut faire sans le corps, sans les poings. Avec leurs armes, c'est à dire le regard, le jugement, le mepris. Mais si j'avais pu, j'aurais préféré les marave ke les mépriser. La baston, c'est l'inverse du mépris. C'est dire à l'otre : j'suis pas d'accord avec toi, mais j'te calcule. Kan le mépris c'est : j'te calcule pas, t'es rien, tu sers à rien ! Aujourd'hui, j'comprends les gars ki petent un cable et ki s'attaquent à un prof. J'ressens encore ck'ils vivent au moment où ils frappent. J'cautionne pas mais j'comprends la logik ki mène à ça. Moi c'est paske j'etais agressif k'on m'a fait passer du hand à la boxe. Pour me canaliser. Ca a marché. J'ai arrêté de me mordre au sang la chair entre le pouce et l'index. Mais l'institution scolaire, elle, elle m'a proposé koi pour sortir de ça ? Wallou !


Alors comment j'voyais mes partenaires masculins ? Pas comme les regards ke tu décris. Plus comme des partenaires de jeu. D'otres animaux avec ki on peut s'rouler dans l'herbe. Comme des p'tits tigres. Et comme j'etais dominant, c'est moi ki cherchait à mener le jeu.


C'est cke je faisais ki construisait mon estime. Pas cke les otres en pensaient. L'action. Les ballons ke j'ramenais devant ou ke j'faisais passer entre les blousons k'on avait mis pour faire des buts. Les trucs ke j'construisais : des chateaux forts en cubes jusqu'aux maisons ke je retape. Mon blog, plus ke ce ke les lecteurs en pensent ou en disent. Et bien sûr, l'adversaire amené gentiment jusqu'au sol, par une tactik ke peu de gens pouvaient lire, plus ke la foto du combat dans Punch mag le mois suivant. Donc avec les keums c'etait pareil : kan j'm'étais fait pompé, j'étais fier. Si ca avait été difficile d'y arriver, j'etais encore plus fier. Et l'autre c'était le partenaire avec ki je partageais ce jeu. Un complice respecté et respectant.


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Publié dans : Blogothérapie
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